Attendue depuis la signature de la proposition d’achat le 8 octobre 2011, à 10 :44, voici enfin la semaine de l’achat proprement dit, la passation de pouvoir, qui se soldera par ce geste ridiculement petit : la remise des clés. Entre temps, vendeurs et acheteurs ont fait comme les marmottes, ils se sont mis en hibernation. Pendant ces quatre mois et une semaine, ce sont les banquiers et les notaires qui ont fait bien ou mal leur travail et personne d’autre n’a à intervenir : les banques donnent leur accord très tôt, dans les 15 jours environ. Les notaires défendent chacun les intérêts de leurs clients et se renvoient les frais de l’un à l’autre jusqu’au moment où ils arrivent à se mettre d’accord.
Maintenant bien réveillés, les acheteurs recevront aujourd’hui le compte détaillé de ce qu’ils doivent faire dans les vingt quatre heures suivantes, demain 11 heures dernier délai puisqu’ils savent déjà que la signature des papiers se fera mercredi 15 février, date qu’ils ont eux-mêmes choisie, dans les bureaux de la banque centrale, à Albany.
Ils ont confirmé pour aujourd’hui 13 heures la visite (walk through) de la maison avant achat, visite importante pendant laquelle l’acheteur va noter tout ce qui est dans la maison, jusqu’au plus petit rideau, ampoule électrique ou appareil ménager. Ceci pour éviter la sorte de mésaventure vécue par la Chron lorsqu’elle a pris possession de sa dernière maison française, dans le Languedoc, en l’an 2000.
C’était une grande, vieille et charmante maison de chez nous, battue des vents en haut d’une colline, toute blondeur et tuiles roses, avec un grand jardin dans lequel on descendait après avoir traversé la terrasse. Cette terrasse, pavée de vieux carrelages rouges, était une des choses qui avait accroché l’œil de Mr. Chron la première fois qu’il l’avait vue. L’agent immobilier avait expliqué que les carrelages n’étaient pas scellés, mais simplement posés sur un lit de sable, et que considérant le mauvais état du matériau, il serait très facile de les enlever pour les remplacer. Le Chron male avait réprimé un haut-le-cœur d’indignation, et s’était contenté de sourire.
Un matin, quatre ou cinq jours après la vente, et alors que Les Chrons males et femelles prennent leur petit déjeuner, ils entendent un bruit de pioche qui ne trompe pas : quelqu’un est en train de démolir quelque chose à quelques mètres de leur cuisine. C’est l’ancien propriétaire accompagné de ses deux fils qui charge dans une carriole a bras les briques de la terrasse, laquelle n’est plus qu’un chantier de gravas, sable et briques brisées.
La gueulante bilingue poussée par Monsieur Chron ce matin là est restée dans les annales, ainsi que la mauvaise relation qui s’en est suivie entre l’ex propriétaire, également voisin, et la famille Chron. Il a fallu replacer les dalles mais la magie de la fameuse terrasse avait disparu. Il en faut peu, parfois, pour rompre le charme.
Donc, ce matin, passage obligé chez l’attorney pour les dernières “figures” arithmétiques ; passage obligé à la banque pour faire établir les chèques vérifiés ; et à 13 heures, visite de la maison blanche avant achat .
Ce soir ? Mais on fête la Saint Valentin, comme tout le monde J