La grande bagarre des poignées de porte

Ca ne parait pas, vu de loin. Mais vu de près, les poignées de portes, c’est tout vice et compagnie. Et nous ici, qui emménageons comme chacun sait dans la Maison Blanche, en avons la preuve irréfutable : la poignée de porte est récalcitrante, boudeuse, indisciplinée, et renâcle à toute compromission.

Dans ce nouveau chez nous, toutes les portes sont neuves, horribles, de la plus basse qualité qu’on puisse trouver, mais bon, on fera avec, après tout, ce n’est pas un château, et il faut être raisonnables. Mais les poignées ? ah, là, c’est le super bon marché, je crois qu’elles sont en CARTON tellement elles sont laides, et en plus, dorées, tout ce que je déteste (sauf dans les services de tables anciens, ha ha ). Ca clinque de partout, ça te saute aux yeux, bref, tu me connais, ni une ni deux, le tournevis et hop, j’enlève toutes les poignées de toutes les portes, conclusion y’a plus une seule porte qui ferme, mais bon, on est seuls dans la maison, où est le problème ?

Changer les poignées, depuis, ça me trotte dans le ciboulot, et hier matin, en cherchant le papier peint, je trouve, à Lowe’s des poignées en verre, très jolies, rondes, simples, exactement ce qu’il faut sur les portes fraichement peintes en blanc ( attends elles ne sont pas encore peintes, mais j’imagine, hein ?) et je les achète, je te dis, hier c’était vitesse et précipitation. Tu ne crois pas que j’aurais pu n’en acheter qu’une, pour voir si ça marchait ? mais non, c’est tout moi, là, madame tout ou rien, hop, j’achète les 5 paires de poignées pour le rez-de chaussée. Toute contente.

J’en essaie une en arrivant à la maison. Mais la tige de fer qui traverse la porte pour aller d’une poignée à l’autre est trop longue, bof, dit Monsieur Chron toujours optimiste, on retourne au magasin et on changera cette foutu tige pour une plus petite.

Ouais ?

Au magasin :

– Ca n’existe pas, plus petit, Madame, c’est standard et voila .

– Mais la porte n’a qu’un inche d’épaisseur, comme toutes les portes intérieures, Monsieur, et votre tige de fer, là, elle a 2,5 inches !

– ca vient avec les poignées, madame, c’est comme ça …

On a fait 5 magasins, et partout pareil :  » C’est fait en Chine, et c’est la seule dimension. Vous pouvez toujours raccourcir la tige de fer en la sciant, mais attention : comme la tige se VISSE dans la poignée de la porte, en la sciant, il ne faut pas abimer la vis  »

Je fais quoi ? Tu me vois acheter un établi, avec un étau et une scie à métaux, et me mettre à scier des vis de poignées de porte ? Dis, tu me vois ?

Me reste la ressource de PEINDRE les autres poignées, celles en carton doré. Ce n’est pas loin d’être sans aucun doute la bonne idée, Mimi !

Mousse pelouse

La pelouse est grande, de l’herbe, bon, les anciens propriétaires la tondaient très rase et souvent. Notre voisin nous dit : “ C’est pour cela que vous avez de la mousse”.

Google confirme : c’est vrai, il ne faut pas tondre les pelouses trop court, ni trop souvent, elle se défend contre l’assèchement dû à une tonde sévère en faisant de la mousse : c’est très vivant, une pelouse.

J’incrimine les deux gros sapins ; et les couper, certes, c’est déjà prévu, mais ce ne sera pas avant l’an prochain, printemps ou automne 2013. L’ombre est acide, et je n’aime les sapins qu’en haute montagne, et groupés en forêt. En pleine ville, c’est ( just my own opinion) un anachronisme. Sauf bleus, et petits.

Mon autre voisin, qui est voisine parce que dame, Beth, me dit : “ Nos jardins manquent de .. ( et là j’ai perdu pied : Potassium ? Calcium ? Radium ? Quelque chose qui se finit en “-um”, en anglais ) Ce serait la cause des mousses. Elle en a aussi dans son jardin et s’en moque, elle la trouve jolie et fraiche aux pieds, en été. Je ne suis pas loin de la croire.

C’est vrai qu’elle est jolie, cette mousse, d’un vert clair un peu jaune, on la voit parfaitement, par plaques plus claires, sur les  photos. Jolie comme celle que nous mettions autour de la crèche, dans nos lointains Noëls. Les enfants méditerranéens ne connaissaient pas la neige, en ce temps là, car il n’y avait pas eu encore le famous infamous réchauffement de la planète et jusqu’en 1960, il n’y avait dans le village qu’une dizaine de voitures, c’était peu pour polluer à coté des 325 qu’on a dénombré en 2002, quand j’y suis revenue pour visiter une dernière fois : 325 voitures, une pour 1.75 habitant. Mais trêve de digression.

Donc, voilà l’histoire de mon jardin moussu, et si Moussu Monsieur Jimidi passe par ici et peut nous expliquer le pourquoi de la chose, et son remède, nous lui en serons éternellement reconnaissants, nous tous.

Faisons connaissance

 parce que Madame de K a trouvé le chemin de mon nouveau blog,

et aussi parce qu’il faut bien un jour faire connaissance,

et parce que c’est la dernière prise, il y a 6 jours

le jour de mon anniversaire

oui, je devais avoir un verre à la main et j’ai l’air un peu pompette, ‘scusez , là

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S’ils y arrivent, c’est qu’ils sont forts

Depuis que j’habite ici, je n’ai jamais vu que quiconque soit jamais parvenu à imposer quoique ce soit à un Américain.  N’importe qui sait bien que la liberté est la base même de la Constitution. Alors, leur imposer d’acheter une assurance santé ? ils  auront du travail

La Cour Suprême en discute. L’affaire traine depuis l’arrivée de O. dans le salon ovale.  Elle avait commencé avec le projet Hillary, au lendemain de la montée au pouvoir de Clinton, il y a 20 ans. Ce fût, vous vous en souvenez, un fiasco complet.

L’idée revient, couci-couça. Elle ne donne rien, retire la liberté de choix, fait les choux gras des compagnies d’assurance privée. Si elle passe, elle imposera une dépense que l’Américain moyen considère comme une taxe déguisée. Les politiques s’en mèlent, on tire à hue et à dia, la Cour Suprême agite ses grandes manches dans le secret de ses délibérations.

Et Monsieur O ajoute quelques cheveux gris supplémentaires à ceux dont il commence à être largement pourvu. Finalement, je les plains, ces présidents : en quatre ans, ils perdent vingt ans de leur vie : le jeu en vaut-il la chandelle ?

Port d’arme

Une grande ville américaine ; ce pourrait aussi bien être une grande ville française.

Un homme sort d’un magasin ; ici, c’est bien l’Amérique, car il est dix-neuf heures, il fait nuit et en France les magasins sont presque tous fermés à cette heure. Donc, oui, c’est bien l’Amérique, avec certains magasins, ouverts 24/24 et 7/7.

C’est le sud, la Floride, mais ce pourrait être aussi bien New-York, Chicago, Portland, ou Denver.

C’est ce qu’on nommerait en France un mauvais quartier. Un quartier noir. Un quartier pauvre. Un quartier où les voitures font crisser le pneus en démarrant ; ou bien, elles circulent tous phares éteints.

L’homme qui sort du magasin, on ne le distingue pas bien. Il est grand, mince mais avec de larges épaules. On a dit plus tard qu’il pesait 180 livres, soit près de 90 kilos. D’autres se sont récriés : “ Mais non, à peine 140 ! “ Nous n’en saurons rien. On n’en parle plus.

Pas un gringalet, la démarche chaloupée, les épaules qui roulent de ceux qui ont l’habitude de rapper ou de jouer au foot. Il porte un sac dans sa main gauche, et un contenant à liquide en papier style boisson gazeuse ou autre. Autre, nous le saurons plus tard, c’était un thé glacé. Glacé ? On peut se demander pourquoi glacé alors que nous sommes fin fevrier. Mais bon, c’est la Floride, et bien qu’il pleuve il fait tiède.

On ne peut pas voir le visage de l‘homme qui marche sur le trottoir, caché dans le capuchon enfoncé jusqu’aux yeux : il pleut. On peut voir qu‘il a son bras droit replié, il doit téléphoner. On n’entend pas ce qu’il dit.

Derrière lui, un autre homme lui emboite le pas. Il est Mexicain, chicano comme on dit, péjorativement. C’est un watchman, c’est-à-dire une sorte de policier en civil qui veille à la sécurité des quartiers : les watchmen, contrairement à la police, qui est urbaine ou d’état ou fédérale, les watchmen, donc, sont des sortes de gardiens de la paix payés par des groupes privés : ils n’ont pas le port d’arme. Ils n’ont pas le droit d’arrêter ni d’interpeller les gens dans la rue, ni de jouer un rôle revenant à la police. Ils ont eulement le droit d’observer et de contacter la police si quelque chose leur semble suspect. Les watchmen sont en quelque sorte les anges gardiens des cités pauvres mais parfois les anges tournent mal, nous le savons depuis des milliers d’années, certains même se sont révoltés contre l’Etre Suprême et ont voulu faire leur propre police – disons pudiquement qu’ils sont souvent envahis par l’esprit de zèle. C’est un peu ce qui se passe ce soir, dans cette rue, sur ce trottoir.

L’homme qui téléphone à sa petite amie lui dit qu’un homme le suit. Son amie lui conseille de courir se mettre a l’abri, vite. Mais il refuse, alléguant que s’il se met en courir, l’autre peut le prendre en chasse, croire a un délit de fuite s’il est de la police, et courir après lui s’il est un voyou.

C’est exactement ce qui se passe : le watchman appelle la police, explique qu’il suit un “jeune qui a l’air bizarre”. Il n’obéit pas a l’injonction du 911 qui lui conseille de ne pas suivre l’individu, de ne pas chercher a le confronter, de le laisser partir puisque de toute évidence, l’individu ne fait jusque là rien de plus répréhensible que marcher sur un trottoir, le soir.

Alors, que s’est-il passé dans les minutes qui suivent ? On sait que le watchman s’est rapproché de l’homme qui marche, on sait que l’homme qui marche s’est arrêté, s’est retourné, a fait face, a demandé au suiveur ce qu’il lui voulait. Peut être y avait-il un accent de nervosité dans sa question, on n’aime pas être suivi quand on a dix-sept ans et la peau sombre. Le watchman, on ne sait pas s’il a répondu ou non, s’il s’est justifié, s’il y a eu altercation. Plus tard, il dira qu’il était en état de légitime défense, que le jeune – car l’homme encapuchonné n’a que 17 ans, nous le saurons aussi plus tard – l’a frappé, qu’ils ont lutté ensemble.

Un coup de feu est tiré. Un seul, à bout portant, et le jeune s’écroule, la balle en plein cœur. Mort sur le coup.

On croyait que les watchmen n’avaient pas le port d’arme ?

Du panelling et comment s’en passer.

ça n’a pas l’air comme ça, mais ce « sera » le bureau … 😉

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Jimidi ne connait pas le panelling, ce truc infâme qui a fait fureur pendant au moins trente ans dans la décoration américaine. Si tu achètes une maison construite avant 1980, tu es sûr de trouver au moins une pièce dont les murs sont recouverts de panelling.

Mais c’est quoi cette bête ?

Ce sont des panneaux rigides ou semi rigides, anciennement en bois, mais que l’on trouve maintenant dans des composants plastiques, hélas, et amalgamés. Super minces, ils s’appliquent sur les murs intérieurs et n’ont d’autre effet que décoratifs. En vérité, ce sont des cache-misère, ils dissimulent les imperfections des murs et cloisons. Quand on saura que le plâtrage traditionnel n’existe plus aux USA depuis belle et vilaine lurette, on comprendra mieux le besoin de ces panneaux.

Le procédé du panelling – recouvrir les murs intérieurs avec des panneaux de bois – existe depuis la haute antiquité si nous en croyons Vikipedia-ki-cé-tout. Il s’agissait alors de bois précieux, sculpté, et parfois odorant. On n’en est plus là au bout de vingt siècles.

Ajoutons à ceci que, il y a trente ou quarante ans, la grande mode était aux pièces sombres. Poussant le vice jusqu’à son extrême, Ils ( qui qui ?) ont remplacé les fenêtres des deux petites chambre du rez-de-chaussée, ET de la cuisine ( oui, vous lisez bien !) par des sortes de trucs qu’ils ont dû racheter au rabais lors de la démolition d’une prison, finestrous de cellules haut perchés et réfractaires à toute tentative de fuite par leur exigüité. De plus, elles ont nos fameux moustiquaires, savez ? Mais elles fonctionnent très bien, je veux dire : elles S’OUVRENT, heureuse surprise dans une vieille maison.

Réfractaire aussi, ces finestrous, à toute entrée dans la maison, mais nous, Monsieur Chron et moi, on s’en fout, on n’a peur de rien : donc, sur la liste des choses à faire d’urgence, re-remplacer ces fenêtres par des normales les plus grandes possibles.

Retour au panelling, et d’abord, le bureau : c’est une pièce située à l’angle est, avec une de ces fenêtres ouvrant sur le jardin plein sud et, pour accentuer l’aspect pénitentiaire, les murs sont recouvert de panelling marron sombre sur trois cotés. Ca donne ceci :

Comme le propriétaire de ce temps là ne lésinait pas sur le matériau employé, c’est du “beau” panelling, et bien posé, le bougre. Résultat : ça va nous couter des jours de sueurs et chapelets de jurons pour nous en débarrasser. S’il ne nous faut pas un marteau piqueur …

On pourrait les peindre ? Oui, c’est ce que j’ai fait à la maison bleue, mais c’est du pis aller, le résultat est décevant, il faut combler les rainures de chaque panneaux avec de l’enduit avant de peindre, bref, too much time consuming. Tapisser, peut-être ?

Le seul avantage du panelling, et il est de taille par nos temps de disette énergétiques : lorsqu’il est bien posé, c’est un excellent isolant thermique et acoustique.

Le panelling a ses adeptes irréductibles. On leur offre des variations à l’infinie,  du faux marbre aux fausses pierres, fausses briques, en toutes couleurs et formes, toujours dans les dimensions de 4’ x 8’ (1.20 m x 2.40 m).

Cout :

– la plaque de 4 x 8 ( pieds) soit environ 1,20 m x 2,40 m en vrai bois ( waimscoat) 100% se trouve à Home Depot pour $79.90 la plaque
– Même dimension, GP Williams, $10.97 la plaque , toujours à Home Depot

Apres le grand chambardement

la Chron attaque la salle d’eau au burin  et paf, exit the shower … puis, beurg, voici ce qu’elle trouve :

Et les murs, c’est pire :

Bon, et bien, y’a plus qu’à retrousser les manches, hein ?

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La trace jaune sur les dalles vynil, c’est un tapis de bain qui a déteint, parait-il…  (??? )  faut le faire, tout de même

Coupée du monde

… ou presque, l’ordi sera débranché sitôt cet article lancé dans les Chroniques.  Ce n’est qu’un au revoir. Et comme la Chron l’avait prédit , il pleut, mais who cares ? 

A plus tard donc, fidèles lectrices et lecteurs de ce petit journal franco-américain.  Merci pour votre fidélité.  je vous retrouve dans trois jours, et je ne vous parlerai plus de cartons, promis juré.

Prochain numéro, la semaine du 19 au 25 mars, celle de my birthday,  en plus, un bonheur n’arrive jamais seul.  Pensez un peu à moi, j’ai besoin d’énergies positives.

See you all later

Déménagement 126ieme episode

IL y a le début, les cartons, et on fait attention, on va piano et sano : on prend son temps.

Il y a quelques semaines plus tard, et on mesure de l’œil qu’on n’a rien fait, que les choses se sont déplacées du point A au point D sans passer par les intermédiaires, on cherche partout ce papier important qu’on était pourtant sûrs d’avoir bien rangé – oui, bien rangé, si bien rangé qu’on ne le retrouve plus.

Il y a les aller et retour d’un endroit dans un autre, l’énervement parce que les meubles refusent sur place d’aller où nous étions pourtant arrivés à les caser sur le plan du modern architect version 2012, lequel surtout verse dans l’incertitude.

Il y a les conversations, de vive voix, téléphoniques et emailesques, destinées à persuader les copains aux gros bras que déménager n’est au demeurant qu’une autre forme de party – de plaisir, on ne va pas jusque là, mais presque.

Il y a la solitude de la faiseuse de carton et les bras qui soudain refusent de porter les gros Quillet et les questions en suspend comme l’épée de Damoclès : En avons-nous encore besoin ? vraiment, vraiment, quand vais-je m’en servir, dans les années futures ? On entrevoit l’œil vague une belle flambée au milieu du jardin, mais on se ravise., la loi familiale qui dit que tout peut toujours servir tinte une fois de plus à nos oreilles. Qui se font basses au fur et à mesure que notre fatigue s’élève, nouveaux vases communicants. On se traine d’un carton sur l’autre, on les empile dans la Rondo qui fait son boulot vaillamment, brave bête, on en a les larmes aux yeux.

On ne veut pas penser que cette maison bleue, qu’on va quitter peut être pour toujours, on l’aimait bien. On y a vécu des jours roses. On oublie les autres. On ne comprends plus très bien ce désir de toujours partir ailleurs. On renâcle

C’est le découragement. Ca passera. Il faudra bien que ça passe. Parce que le grand jour, le vide absolu, c’est dans trois jours.

Demain, l’ordi de la Chron sera débranché, déconnecté du monde jusqu’à des jours meilleurs.

 

Writing Wokshop (suite sans fin)

Hier soir, d’une « collègue » rencontrée à un workshop l’an dernier  : «  I loved every minute of it. I came to this workshop  feeling isolated in my practice, and left with a network of fellow writers with whom I can collaborate, communicate, and foster my creative spirit. I am so grateful for it. « 

J’ai aimé chaque minute. Je suis arrivée à cet atelier avec le sentiment d’être inadéquatement solitaire (isolée) dans ma façon d’écrire, et j’en suis repartie avec un network  de collègues auteurs avec lesquels je peux collaborer, communiquer, développer et nourrir mon esprit créatif. Je leur en suis très reconnaissante.

Voilà, c’est exactement cela, la magie des workshop : ce n’est pas tellement ce que nous apprenons dans une semaine de cours intensifs, mais plutot l’approche de deux douzaines de personnes des deux sexes, de tous âges, et des toutes conditions, et qui ont un seul point commun : les mots. Dans certain workshop on doit montrer patte blanche. Un curiculum vitae est demandé et  le niveau universitaire américain, anglais ou canadien exigé. Exception est faite pour les étrangers à qui le diplome d’équivalence suffit. A condition que leur anglais soit au dessus de la barre, ce qui n’est pourtant pas le cas pour la Chron.

Un point commun, un seul. Il balaie tout, aplatit tout, efface les différences.

Il faudra en reparler.

Etre lycéen aux USA

Alexis est un jeune grenoblois de 16 ans qui passe une année entière à San Diego dans une famille d’accueil. Il est inscrit dans ce qui correspond à la terminale dans le système éducatif américain et nous raconte dans son avant-dernier article la vie des lycéens californiens : de quoi rêver.

Methodiquement, Alexis a commencé cette série par un autre article qui nous explique les choix des matières  à prendre dans les lycées lorsque l’etudiant arriver en seconde année de senior, et c’est ici : 

Merci, Alexis, et gageons que ton expérience américaine t’amènera loin dans ton futur ; ou, plutôt, te fera revenir parmi nous. Car te voici un peu américain. La preuve ? le mixage des mots dans tes articles  🙂

Grand Moving Day

Dans une semaine exactement, on sera sur les dents dès potron-minet, les vieux Chrons plus les deux jeunes Chrons, plus Daren, l’ami de la famille et beauf des Chrons jeunes. A cinq, ça devrait aller puisqu’il n’y aura, si tout marche bien, “que” les gros meubles à emporter. Oui, je sais, on a la mauvaise manie de s’encombrer de vieux meubles impossibles qui pèsent une tonne, mais à cinq, on va y arriver. Et la distance est courte, à peine 6 minutes montre en main d’une maison à l’autre.

Parlons chiffres : louer un petit camion pour déménager est a portée de n’importe qui, aussi la majorité des américains font-ils leurs déménagement eux-mêmes. Ils ne prennent un déménageur de métier que pour le longues distances, par exemple, l’année où les Chrons ont décidé de quitter l’Amérique, c’est l’entreprise Mayflower qui a embarqué leurs meubles et meublants en cargo, pour leur faire traverser l’Atlantique, arriver au Havre et descendre toute la France pour être déchargés à coté de Carcassonne. Deux ans plus tard, les mêmes meubles faisaient le trajet en sens inverse, sous la direction d’une compagnie de déménagement française dont je tairais le nom par pudeur – d’ailleurs, tiens, ce serait le moment pour moi de me payer une belle revanche et d’expliquer comment ils ont réussi à casser et abimer la moitie du chargement.

Donc, ici, location d’un petit camion à la journée, U-Haul = $19.95, + 0,50 centimes par miles. Les Chrons males iront chercher le camion vendredi soir et comptent bien le ramener au magasin le lendemain.

Location d’un diable ($12.00 / journée). Un lot de couvertures fournies par l’entreprise. On peut aussi louer des cartons, mais ce n’est pas recommandé, comme expliqué dans un autre article, pour raisons de propreté.

Penser le déménagement, c’est surtout savoir OU vont aller chaque gros meubles dans la maison nouvelle : les chaises et petites tables, pas grave, on peut les bouger avec une main : mais le gros bahut ou le piano, hein ? Et les lits ? Je me souviens d’un déménagement à Courchevel où sommiers et matelas furent montés de la route supérieure dans les chambres en passant par le balcon – oui, bon, c’était dans les années sauvages, mais quand même : savoir où vont les choses évite bien des tensions et énervements.

A ce sujet, et lorsque les hommes déménagent, il est impératif que les femmes se taisent. Je sais, je suis féministe dans l’âme et rebelle à toute injonction de la boucler ; mais dans ce cas là, et dans ce cas-là seulement, j’avoue que les conseils féminins et les petits cris de terreur ou les injonctions style ’tu vas te faire mal “, “ attention aux pieds de la table à ouvrage de mon arrière grand mère “, ou “ ca ne passera pas, je te l’ai dit, ca ne passera pas…” sont très mal venus pour ne pas dire pire. Même si vous avez raison. Donc, Mesdames, si vous n’êtes pas en mesure d’aider physiquement, partez, ne restez pas dans les pieds des costauds qui bougent les choses et si vous devez rester dans les parages, taisez-vous et faites-vous invisibles.

Savoir où vont les choses : coller sur chaque meuble un petit clip de couleur vive avec l’emplacement dans la future demeure : dining, living, kitchen, BR 1, BR2, etc.… Ils savent lire. Aller discrètement vérifier si les gros meubles sont en place et ne pas attendre le lendemain et l’absence de gros bras musclés pour les transporter où ils doivent être : vous voyez, Mesdames, que nous pouvons rester efficaces et silencieuses en même temps ? Un simple signe de la main suffira.

Ne pas faire : vouloir déballer la vaisselle le jour du gros déménagement.

Faire : se munir de café, eaux minérales, pizzas, chocolat, et bières pour la fin quand ils reviendront après avoir ramené le camion. Lequel devra être passé à la station d‘essence pour refaire le plein juste au moment de le ramener, le leur rappeler discrètement, et garder le ticket comme preuve. L’heure marquée sur le ticket de caisse est la preuve que le plein vient d’être fait dans les règles.

Et les cartons ? Mais ils sont finis, les cartons ! Finis et transportés là bas, et empilés dans deux petites pièces à l’écart des allées et venues de samedi prochain. Il y en a 47 en tout.

~~~ Prochaine série : On emménage. Premier épisode, dernière semaine de Mars : le plombier.

Ah là là !

Déménager, c’est surtout …

… vider des placards, remplir des cartons, et, ailleurs, vider les-dits cartons pour remplir d’autres placards et étagères. De la folie douce, si vous voulez mon opinion.

Living

 bureau

mais encore toute la bibliotheque de l’entrée à vider, arghhhhh

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Heureusement, il y a aussi les surprises : par exemple, retrouver, alors qu’on l’avait cru perdu à jamais, un livre qui fût offert à la Chron à l’occasion d’un hiver particulièrement froid : Peg Meyer, alors journaliste-reporter photographe au Minneapolis Tribune, a reuni dans ce livre album les lettres  envoyées par les pionniers de la seconde partie du dix-neuvième siècle à leurs amis et parentée d’Europe, avec des conseils sur ce qu’ils et elles devraient amener avec eux si d’aventure l’envie leur prenait de faire la traversée de l’Atlantique pour venir s’installer dans cet état du Minnesota, qui, comme chacun sait ou non, est le seul des 50 américains à avoir pour motto  trois mots français  » L’Etoile du Nord »

Le second état à avoir également la renommée d’être  le plus froid après l’Alaska. D’où le titre du livre de  Peg Meyer  : Bring Warm Clothes

Comment arrivaient-ils à s’installer dans cette partie encore très sauvage, eux, leurs favoris, leurs chapeaux, et leurs crinolines ?

Comment, surtout, ont-ils pu survivre avec ces températures si rudes, froids intenses, chaleurs accablantes, tornades, neige… ? Ils étaient pour la plupart des Scandinaves habitués aux longs hivers.

Déménagement, suite.

Aujourd’hui et demain, c’est l’emballage des choses fragiles, auxquelles on tient le plus. Par exemple, l’emballage du Bernardaud « Coquilles »,  1952, un « heirloom » de famille complet, 18 couverts, et qui m’a suivi partout autour du monde. Rouleaux bulles et papier  matelassé de rigueur. Un conseil :  scotcher les cartons triple pour la vaisselle fine et les verres de prix. Mettre dans les cartons, au fond, une pile de 12 assiettes, et par dessus, bien enveloppés et bien calés, les grosses soupières et les plats  a légumes pansus. Finir avec verres ou assiettes ou tasses , les plus légers possibles.

Pour le Bernardaud, je compte  6 cartons en tout. J’en suis aux deux derniers.

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Ouf, le grand buffet est presque vide maintenant !

le haut (qui veut un petit remontant ? )

le bas

Au Coin de Table

Lorsqu’elle est arrivée dans le Colorado, avec son mari  et son tout nouveau bébé, Carole n’a rien eu de plus pressé que de profiter de tous les avantages de la vie à l’américaine. Bretonne et bonne cuisinière, rude à la tache et imaginative, elle crée dans les deux mois qui suivent un petit restaurant français dans une des villes de l’état plus connu pour son or et ses montagnes que pour ses gourmets. Sa Crêperie devient un succès immédiat à tel point que la queue s’allonge sur le trottoir à l’heure d’ouverture. Deux ans plus tard elle vent le restaurant, part s’installer (toujours avec mari et enfant) dans un autre état, recommence l’expérience des crêpes et ouvre non pas un, mais deux restaurants en six mois. C’était il y a vingt ans, et Carole confesse que ce serait bien plus difficile maintenant. A quoi nous pouvons rétorquer que malgré les apparences, on peut trouver bien des similitudes entre l’Amérique d’aujourd’hui et celle, exsangue, de 1992 après le marasme Bush-le-père. Mais nous ne sommes pas ici pour parler politique ou économie.

Ou plutôt, si, parlons-en : c’est toujours dans les moments les plus économiquement difficiles que l’esprit d’entreprise se développe : quand on n’a plus d’autres ressources que soi même. Surtout lorsque, comme Carole, on s’est installé dans un pays ou il ne s’agit pas d’attendre la manne céleste distribuée aveuglement par un état protecteur : ici, ma cocotte, si tu ne te prends pas toi-même par la main, tu n’auras aucun secours. De personne. J‘insiste : la famille américaine, c’est bien joli mais il ne faut rien attendre des parents, frères et sœurs, tontons et tantines : ils t’aiment, mais ce sera tout : ici, la règle, c‘est “débrouille-toi et prouve de quoi tu es capable“. Le gouvernement ? Les aides sociales ? Laissez-moi rire : comme la fourmi de dix-huit mètres de la chanson de Juliette Greco, ca n’existe pas. Reste la rue pour ceux qui n’ont pas peur du froid. Ou bien se prendre en main et foncer, comme Carole.

Mais revenons en France, où, semble-t-il, l’esprit d’entreprise serait en train de se développer, si j’en crois  l’aventure de ces deux jeunes frêres. A Lyon, se prendre en main et foncer, voici deux verbes qui n’effraient pas Béryl et Orion : laissons leur père nous expliquer de quelle façon ils se sont, eux aussi, lancés dans l’aventure :

Donc Béryl et Orion, deux de mes fils, se sont associés pour reprendre à Lyon 7ème un petit restaurant qui marchait déjà bien et dont on espère depuis qu’il marchera encore mieux. Nous étions conviés à l’inauguration officielle ce samedi 18 février et comme personne ne louperait une occasion de se goinfrer de pizzas gratuites, on a frété une voiture. Tout le monde ne figure pas sur la photo, mais il y avait là le ban et l’arrière ban de la famille, plus leur chérie, des potes à eux et même X… [ … ] Sur la photo, on est dans la salle du bar, mais il y a une grande salle derrière. Les pizzas sont copieuses, variées et peu chères – 8€. Le Côte du Rhône est honnête et y’a même de la Leffe en bouteille, ce qui achève d’en faire une bonne adresse.  [ … ] “

“ Au delà de l’aventure, me dit Carole, je vois l’élan, le courage, et la volonté d’arriver à quelque chose par soi-même. De plus, un restaurant, et tout le monde sait qu’il ne faut pas avoir peur, déjà, ici, pour se lancer dans ce genre d’entreprise.  Ile me plaisent ces jeunes”

Je l’entends qui soupire. Serait-elle de dix ans plus jeune, je la verrai sans surprise se lancer à nouveau dans les menus, installations de cuisine, et aménagement de la salle. Ah le bon temps, lorsque nous allions ensemble, elle et moi, choisir le tissus pour les nappes et les rideaux !

Nous soupirons de concert, sans mot dire : Bravo Béryl et Orion, nous sommes deux, ici à vous envier, veinards : que le dieu des pizzerias soit avec vous.

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Si vous passez à Lyon, vous qui me lisez, et si vous avez un petit creux, n’hésitez pas, allez au  Coin de Tableavenue Jean-Jaurès  et faites vous connaître : les amis des amis de nos amis sont leurs amis.