Chroniques du travail US / 7 – Le bon coté de la Sécu américaine

On dira ce qu’on voudra, mais la Sécu américaine a un bon coté qu’on ne trouve nulle part ailleurs, sauf peut-être au Canada : la courtoisie, la diligence et le sourire des interlocuteurs.

Arrête, je ne fais pas de sarcasmes !!!  Je te raconte :

Monsieur Kron était jusqu’au 17 juillet assuré médicalement par L…, l’entreprise dans laquelle il travaillait jusque-là, et Madame Kron était assurée elle-aussi pour la même raison.

Le 17 juillet, l’assurance santé devient caduque au moment où Mr Kron perd son travail dans cette entreprise. Voici Mr et Mme Kron inquiets, sans trop parce que l’un et l’autre ont l’énorme chance d’être en bonne santé, mais quand même on ne sait jamais ce qui peut arriver. D’autant plus que Mr et Mme Kron ne sont plus très jeunes. Et c’est ici que cela devient intéressant.

Lorsqu’un travailleur américain atteint 65 ans, âge légal de la retraite aux USA, il ou elle peut demander et obtenir sa retraite (Social Security Retirement Benefits)  ET continuer de travailler. Il recevra sa retraite au prorata de ce qui lui est dû par rapport aux années de travail effectué. De plus, écoutez moi bien, c’est aussi à ce moment là que le travailleur reçoit le fameux Plan A du Medicare, couvrant l’hospitalisation sous n’importe quelle forme ( accident, maladie, etc..)

Le Plan A est entièrement GRATUIT. Quand je dis « gratuit » j’entends aucune charge, aucune cotisation n’est retenu sur les retraites. Le travailleur retraité devra payer une quote-part s’il/elle est hospitalisé(e), et ce sera tout.

Mais – oui, hélas, il y a toujours un mais – ce même travailleur-retraité devra aussi obtenir le Plan B, qui couvre tout ce qui est médecine, spécialistes, et médocs. Il ou elle aura le choix de prendre ce Plan B chez un assureur privé, style Blue Cross Blue Shield, ou autre. OU bien, s’il/elle continue de travailler jusqu’à 70 ou 75 ans, comme la plupart des gens en bonne santé choisissent de le faire, il/elle sera éventuellement  couverts par une assurance obtenue auprès de son employeur. Quoiqu’il en soit, il faut aussi etre couvert médicalement par le Plan B.

C’est donc ici que Mr et Mme Kron se trouvent : ils ont chacun le Plan A, et doivent maintenant faire diligence pour obtenir le fameux Plan B obligatoire.

A savoir et retenir : le délai  pour obtenir ce Medicare Plan B  est de 7 mois a partir du moment ou le travailleur de + de 65 ans ne travaille plus. Au-delà des 7 mois, il ou elle devra payer une pénalisation avant de pouvoir obtenir le Plan B.

Obtenir ce Plan B – qui coûte environ $99 par mois et par personne si le travailleur choisit de s‘assurer à travers le programme fédéral –  est relativement facile : il faut simplement avoir la preuve qu’on a été assurés médicalement dans les derniers 10 ans.

Comment le prouver ? Simplissime : votre conseiller Secu US vous donnera un document à faire remplir :

1) par votre assureur si jusque là vous aviez une assurance privée, ou

2) par votre employeur, si votre assurance-santé été couverte par l’entreprise. Votre employeur est tenu par la loi de remplir ce document et de le retourner dans les 3 jours à la Sécu.

Et si l’employeur essaie de mettre des bâtons dans les roues et refuse de remplir le document ?

Et bien – et c’est LA que j’apprécie hautement les fonctionnaires américains – et bien, c’est votre conseiller, en l’occurrence la conseillère, merci, Kathy ! qui prendra le taureau par les cornes, en empoignant son téléphone, et passera 21 minutes montre en main, allant d’un interlocuteur à un autre  pour enfin arriver à obtenir tous les renseignement nécessaires pour votre dossier.

C’est pas beau, l’Amérique, peut-être, Pitalugue ?

( Suite 8 )

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Ps : On va lui envoyer un panier de fleurs, elle l’a bien mérité.

Chroniques du travail US 6 / les délais

Du nouveau dans l’affaire Zacks : hier, légitimement impatienté par le silence du EEOC,  Zack téléphone aux bureaux du-dit, et demande quelques explications, surtout celle-ci :  Pourquoi n’a-t-il pas encore reçu le dossier promis et postalement envoyé depuis deux semaines ? Venant de Buffalo jusqu’à Zack-City, l’expédition ne peut prendre que 24 heures, 48  au grand maximum.

Martha lui répond, et là, pour moi-la-Chron de service, c’est l’habituelle bonne surprise ( je suis – verbe suivre – la conversation sur mon cell) : Martha est aimable, voix agréable, cadence correcte et en plus elle a appris à répondre au téléphone : elle sourit, oui oui, et ça s’entend !

Martha connait son métier : en deux trois clics, la voici capable d’expliquer à Zack que le EEOC (organisme fédéral) a été contacté par les Human Rights et que l’affaire va d’abord se développer  par l’entremise de cet organisme, représentant l’etat de New York. Chacun des 50 états US possède  sa commission des Droits de l’Homme (Femmes et Enfants, merci messieurs) : lorsque l’abus, la malveillance, l’injustice contre le travailleur découle de discrimination claire et précise, Les Human Rights prennent l’affaire en main. PLus tard, le Equal Employment prendra le relais, si nécessaire, et si l’affaire déborde des compétences de l’Etat. oici donc Monsieur Zack, dirigé vers les services du HR, tant mieux, c’est plus proche de chez nous, s’il faut se déplacer, au coùt actuel de l’essence – je ne sais pas chez vous, mais ici, c’est la folie.

Seconde conversation téléphonique entre Zack, et cette fois, Lynn, représentante des HR  de l’état de NY. Immédiatement capable de donner tous les renseignements : les HR après investigation pour s’assurer que la plante était fondée, ont informé l’entreprise L… L’entreprise avait 15 jours pour répondre et se défendre contre les accusations de Zack.  Le délai se terminait le 20 aout. L’entreprise n’a toujours pas répondu. Les HR ont relancé l’entreprise qui a demandé un second délai de quelques jours. Dès que les HR recevront le dossier de défense de l’entreprise L…, le double des documents sera envoyé à Zack : il aura 21 jours pour répondre à la défense et donner toutes les preuves qui sont en sa possession.

A la suite de quoi, le juge des HR réunira les deux parties dans son cabinet et entendra le plaintif, puis l’accusé : il tirera ses conclusions de cette confrontation.

Zack et l’entreprise peuvent soit se defendre seuls, soit se faire assister par un ou plusieurs attorneys.

Mais dans tout ceci, ce qui importe au plus haut degré c’est la réponse que Zack fera lorsqu’il recevra les documents de l’entreprise : cette réponse s’appelle un REBUTTAL, et consiste à répondre à chacun des points de défense de l’entreprise sans crainte et en toute honnèteté : n’oublions pas que les juges du HR sont assermentés comme tout représentant de la justice et  bien entrainés à déceler le mensonge dans les erreurs, contradictions, et hésitations des deux parties en présence.

Le rebuttal est donc la phase la plus importante de toute l’affaire. C’est aussi la phase la plus intéressante, car Zack saura enfin ce qui lui est reproché par l’entreprise à travers  ce que celle-ci va trouver pour justifier la terminaison du travail et le renvoi dans des conditions  insultantes … à part le fait qu’il soit âgé de 67 ans ?

C’est egalement la phase la plus stressante. Donc, les travaux seront suspendus dans le maison blanche pendant tout le mois de septembre : on ne peut mener de front  un rebuttal et l’installation d’une cuisine. Parce que oui,  dans le déroulement de l’opération travaux, ce qui est au programme après l’installation de la SALLE DE BAIN, c’est la cuisine,  logique, non ? Ca attendra octobre.

Qui parle de s’ennuyer ?

( Patience, patience, et .. la suite )

Chroniques du travail US / 4 – Protection du travailleur

Chronique 1 / Chronique 2 / Chronique 3

Le processus : A )  Contacter  les agences et porter plainte

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 Il ne d’agit plus de se lamenter :  Zack est sûr d’avoir raison, donc, la  première chose à faire, c’est de téléphoner à une conseillère de l’EEOC et de demander conseil : Zack a bien le sentiment que son renvoi est basé sur de fausses données, mais il lui faut en être sûr. Il y a des paramètres à respecter, et la conseillère est là pour savoir de quoi il retourne.

 Au cours de la conversation, la conseillère pose quelques questions faciles pour etablir son dossier. Elle demande ensuite à Zack de lui raconter brièvement ce qui s’est passé.

 Elle tique sur plusieurs points :

1) l’âge de Zack

2) Zack n’a jamais reçu de blâme, par écrit ou oralement.

3) Zack n’a pas été appelé immédiatement par la direction à la suite de l’incident.

4) la direction a refusé de lui montrer la plainte.

5) il y a eu très clairement un passe-droit au moment de la promotion refusée en décembre dernier.

6) par son ancienneté, Zack allait recevoir de plus amples bénéfices et une augmentation de salaire dans 2 mois.

7) Zack est l’employé était le plus âgé de l’établissement, et le mieux payé dans son rang.

 Il y a donc de fortes chances pour que le renvoi soit effectivement un  wrongful termination, licenciement abusif qui enfreint les lois du travail en général, et particulièrement, les lois protégées par les Human Rights en matière de discrimination.

 Depuis deux ans environ, Zack est en butte à des sous-entendus, passe-droits et autres différences de traitement qu’il a soigneusement notées sur un log. En 2011, il a envoyé une note officielle à la direction et demandé qu’on rectifie une différence de traitement qui favorisait clairement un employé plus jeune que lui. Depuis, il a parfaitement compris qu’on souhaitait le voir partir, mais comme rien dans le comportement de Zack ne donnait le droit de le licencier, il fallait sauter sur l’occasion, ou, à l’extrême, créer un incident.

 Ici, Zack rembobine le film pour se le repasser une centième fois, cherchant si la cliente est une vraie cliente, ou bien est-ce une de ces fameuses spy-shopper, fausses clientes qui sont en vérité des sortes d’inspectrices chargées d’établir des rapports contre les employés lambins, improductifs, ou simplement … gênants ?

 On repart à la case zéro, et on recommence :

 – Voyons, cette cliente voulait bien de la Stain Master ?

– Oui

– En 15 pieds de largeur ?

– Oui

– Sais-tu qui lui avait dit qu’elle pouvait acheter de la Select en 12’ a la place  de la Stain Master?

– Oui, le manager des installations

– Mais enfin, Zack, pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? Et quel âge il a le manager des installations ?

– 34 ans

– On l’a viré aussi ?

– Non

– Et qui c’est qui a dit à la client que le pied linéaire de la pose du cadrage lui reviendrait à $ 0,20 ?

– Le manager des installations.

– Le même ?

– Oui.

     Voilà qui change tout. Deux employés, de même rang *  sont confrontés au même problème, l’un est viré et l’autre non. Or celui qui est viré est aussi celui qui tentait de rectifier  les erreurs du premier ; de plus, c‘est le plus âgé des deux, avec une différence d‘âge de plus de 30 ans.

Conclusion logique américaine :  il y a eu une énorme différence de traitement entre les deux employés, de la part de la direction.

 Il faudra maintenant avoir toutes les preuves de ce qui s’est passé. Bon, ben on va s’armer de courage et de patience.

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manager des installations et supervisor de tout un grand département : ces deux positions sont équivalentes en rang et en salaires dans cette entreprise.

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( ça continue ici )

Chroniques du travail US / 3 – L’employé aussi à des droits, hum, hum

(textes precedents : Chronique 1 / Chornique 2)

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 Comme vous pouvez l’imaginer, Zack est effondré : il a conscience d’avoir agi avec courtoisie et en toute conscience professionnelle.  Il ne sait ni ce qu’on lui reproche, ni qui a donné le mauvais renseignement sur le prix du cadrage, ni même – un comble ! – ce qui est écrit sur la plainte de la cliente. D’ailleurs, y a-t-il une Written Customer Complaints ? Il n’en sait rien non plus. Tout ce qu’il sait, c’est qu’en l’espace de 12 minutes, il se retrouve sans travail, et c’est irrémédiable.

Il a plus de soixante ans et il ne retrouvera pas un travail aussi bien payé que celui qu‘il vient de perdre. Il a beau avoir plus de trente ans de métier, un diplôme en Business Management, et être capable d’en remontrer à n’importe qui dans la connaissance des centaines de moquettes, carrelages, parquets et autres revêtements de sol, personne ne l‘embauchera désormais, à cause de son âge. Ce qu’il peut trouver : un petit boulot minable, bien au dessous de ses qualifications.

 La retraite ? Elle est à 65 ans, ici, avec la possibilité de continuer à travailler sans limitation d’âge : Zack, ancien athlète en parfaite forme physique, avait prévu de continuer à travailler jusqu’à 70 ans.

 Tout le monde sait qu’il y a très peu de protection pour le travailleur américain : pas de syndicats ou seulement dans certaines branches ( éducation, métallurgie, construction, transports, etc..). Dans le commerce, c’est pire que tout : les grosses compagnies, comme L…, ou Home Depot, ou Walmart, ou Sears, ou Target, etc… n’embaucheront jamais quelqu’un qui sera “ Union Friendly : et oui, c’est bien beau l’idéologie, mais faut pourtant travailler, n’est ce pas ? Donc, les travailleurs qui sortent avec un diplôme de commerce s’engagent d’abord à ne PAS  faire partie d’un syndicat : sinon, les portes de ces grandes entreprises commerciales lui seront fermées. A jamais.

 Zack, comme des millions d’autres travailleur, ne peut donc compter que sur lui-même. Et depuis quelques dizaines d’années, sur deux organismes fédéraux : le EEOC, Equal Employment Opportunity Commission ; et les Human Rights.

(suivre, en toute hâte)

Chronique du travail US / 2 : Le client a toujours raison

( voir 1 : Le client )

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Conversation entre Zack et Madame Label :

– Bonjour Madame, en quoi puis-je vous aider ?

– Bonjour Monsieur : je suis Madame Label, vous devez avoir un dossier à mon nom : je viens choisir la moquette pour mon living-room

–  Mais parfaitement, Madame, je vois que les installateurs sont déjà venus chez vous, et les mesures ont été prises : quelle moquette désirez-vous ?

– Je voudrais de la StainMaster en 15 pieds de large, celle-ci exactement, la beige, là.

Elle monte un échantillon qui se trouve près du comptoir.

– Oui, Madame, dit Zack, mais il y a un petit problème : cette moquette-là que vous me montrez, n’est pas une StainMaster et n’existe pas en 15 pieds de large, elle n’existe qu’en 12 pieds. Cependant nous avons …

– Monsieur, je sais de quoi je parle, j’ai déjà résolu le problème avec le manager des installations et il m’a bien dit que cette moquette existe comme je la veux : beige, et en 15 pieds de large.

– Nous avons effectivement des moquettes en 15 pieds de large. Mais celle que vous me montrez, là, et qui, je vous l’affirme, n’est pas une StainMaster, n’existe qu’en 12 pieds. Néanmoins…

– Monsieur, vous ne savez pas ce que vous racontez : je veux cette moquette là et pas une autre. On me l’a promise en 15 pieds de large et c’est exactement celle-ci que je veux.

A ce point, que doit faire l’employé ? Avant de s’écrouler en larmes, au bord de la déprime sévère, doit-il téléphoner au fabricant de moquettes Non-StainMaster et le supplier, des larmes dans la voix, de please, ô please se mettre à la fabrication d’une pièce de moquette de 15 pieds de largeur par 18 pieds de longueur pour satisfaire Madame Label ?

Celle-ci poursuit en manifestant de plus en plus d’impatience :

– Et je vois, Monsieur, que vous me comptez 0.37 le pied* de cadrage alors que le manager de l’installation me compte, lui 0.20 ? Que signifie cette différence ?

– Madame, ici encore il y a erreur : nos tarifs sont clairs et précis : le cadrage est à 0.37 le pied linéaire. Voyez-vous, l’installateur n’est pas au courant de nos tarifs, il s’occupe surtout de l’installation, comme son nom l’indique et…

_ Monsieur, vous êtes un goujat.

– … ?

– … vous ne connaissez pas votre métier, vous refusez tout ce que je vous demande, je vais me plaindre à la direction.

Le lendemain, Zack est appelé dans le bureau de la directrice du magasin, on lui signifie en quelques minutes qu’il est viré purement et simplement, à la suite de la plainte de la cliente. On ne lui donne aucune autre explication. Le renvoi est immédiat et définitif. On n’écoute aucune de ses protestations.

Il demande à voir la plainte, mais il essuie un premier refus. Il demande si la plainte est écrite : il voudrait au moins savoir ce qu’elle comporte, et en quels termes elle est écrite. Second refus : “ Ceci ne vous regarde pas “ lui répond-on. Il demande une copie du document de sa mise à pied. Troisième refus.

L’employé prend ses affaires et quitte le magasin. Il a perdu son travail.

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( à suivre, encore)

Chronique du travail US / 1- le client

Je vous avais promis une chronique sur le travail à l’américaine , ses pompes et ses oeuvres. Voici le premier volet d’une série qui en comportera plusieurs, je ne m’avancerai pas jusqu’à vous donner un chiffre précis, on verra bien, mouhahaha !!!

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Le client : il a toujours raison.

C’est la règle absolue, et tous les employeurs américains vous le diront : le client n’a jamais tort. Le client est roi. Le client peut tout faire, tout demander et tout obtenir. Toutes les personnes qui travaillent dans le magasin, ou l’entreprise, ou l’organisme, tous sont à son service.

Forts de cette règle simple et hautement acquise, le client américain devient facilement abusif, en toute sécurité : quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, il sera surprotégé par ceux qui président aux hautes sphères des magasins,entreprises ou organismes ; si de surcroit il menace d’en référer à la maison mère, et de faire un « customer complaints » tout le monde s’aplatira. C’est devenu une manipulation dans lequel certains clients  excellent au point d’avoir acquis une maitrise telle qu’ils obtiennent partout de substancielles remises sur les produits ou les services.

Prenons Madame Label, par exemple.

Madame Label est arrivée à L… , ce magasin qui se dit « home improvement », attirée par une belle pub : en substance, cette pub disait qu’on lui offrirait l’installation GRATUITE de la moquette quelles que soient les dimensions de la pièce qu’elle désirerait moquetter si elle l’achetait entre le 15 juin et le 15 aout.

Ici, on se doit de préciser que si elle est reine, la cliente américaine est aussi facilement gobeuse de tout et n’importe quoi, à partir du moment où elle entend le petit mot qui sonne comme un timbre à vélo : FREE.

Si c’est FREE, c’est nécessairement pour elle, et la voici qui court au magasin. Elle rencontre Andréa, la vendeuse qui confirme, que oui, une équipe d’installeurs viendra le surlendemain mesurer GRATUITEMENT la pièce en question. Madame Label donne son adresse, on prend rendez-vous et VOILA !  Une fois les mesures prises, la cliente pourra revenir choisir et acheter la moquette de son choix.

Quelques jours plus tard, Madame Label revient donc au magasin  pour savoir de quoi il retourne. Elle est impatiente de choisir la moquette pour cette installation FREE, mais André n’est pas là. Qu’à cela ne tienne, un employé du département des installations est là, prêt à lui donner tous les renseignements qu’elle désire. Madame Label, riche de ces renseignements, n’a plus qu’à venir choisir la moquette qu’elle désire, et l’installation sera programmée dans la semaine suivante.

Madame Label revient donc a L… pour la troisième fois, et manque de chance, Andréa n’est toujours pas là. Heureusement, le superviseur , Zack,  est là, prêt à donner à Madame Label  toute son aide.

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(à suivre, de près)

Puérilité

Puéril, voici le mot qui me vient à l’esprit ce matin, après lecture de certain article sur le carnet d’un imbécile qui sévit dans la prose francophone, et plus spécialement sur ce que nous appelions “la toile“ il y a des années lumières. Quand il râge, sa prose devient sans consistance, assomante, sans intérêt. C’est de l’écriture de l’enfant rageur et mal élevé. Niveau sept ans.

 Puéril, mais sans charme ; enfantin,  mais sans grâce. Puéril dans ce que ce mot contient de limité, petit, mal formé.

 Mesquin.

 C’est la faute au net : sur l’écran, on veut tout dire parce qu’on le peut, et impunément ; encore pour quelques mois, ou années. Il faut en profiter, cette impunité ne durera pas : vous avez vu la liberté d’expression durer plus qu’une décennie, vous ? Sans échafaud pour trancher dedans ?

En attendant, les textes puérils, enfantins, sans charme et sans grâce fleurissent encore ici et la. Des auteurs dont les textes ne dépassent pas le niveau du cours élémentaire dans leur forme  ni dans leur fond, je donne un coup de pied dans un réverbère et il en tombe une douzaine – non, pardon : je clique sur Google et j’en trouve deux millions. Francophones. Et c’est ici que je suis triste. Dans le fait de les lire dans ma langue maternelle, celle de Voltaire, de Molière, et de Françoise Sagan. Si encore ils étaient écrits en anglais !

 Sagan, je vais revenir vers elle et reprendre un de ses livres, pour me laver de toute la petitesse que j’ai survolé ce matin en cherchant le mot “Anniversaire” sur Google.

 Happy birthday to you, too, baby !

Heureusement, les adultes écrivent aussi : je le sais, j’en ai rencontré.

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ps : attention, cet article vise uniquement les textes à caractère calomnieux qui me prennent pour cible. L’auteur s’y reconnaitra.

note : même jour, 16:52 US n/ 22 h 52 FR : il  s’y est reconnu et a effacé son énième sottise : ça rentrera peut-être, finalement, quand il aura passé le stade de l’adolescence ?

Mal-heur

Il y a des jours comme aujourd’hui, avec des trop.

Trop de ce tout qui est l’envers du pas assez. On déprimerait vite à ce rythme, mais non. Il y a les garde-fous du passé, de l’histoire, des années mortes. Les rambardes de la camarde, les balustrades à Monte-Carlo, et les récifs dessous, aiguisés, malveillants.

Des jours comme aujourd’hui qu’on voudrait ne pas vivre et qui seront demain finis, ombre des heures loin de tout .

On voudrait donner ces jours. Les porter à quelqu’un, et s’en débarrasser. Le premier venu fera l’affaire, il reçoit la surcharge. La première hirondelle  s’enfuyant en zébrant le ciel de son vol  dru.

Il y a des jours comme aujourd’hui  lisses et pleins de choses lourdes. Tout ce que nous savions sans prononcer, les mots maudits, maladie, amours mortes,  suicide, divorce, échec ou pauvreté. Des jours lourds plein de trop qu’il nous faut déverser.

Il y a exactement 70 ans aujourd’hui , la rafle du Vel’ d’Hiv

« Pour la majorité des moins de 35 ans, la rafle du Vel d’Hiv est un événement inconnu« . (Mariléti, aujourd‘hui sur FCBK)

L »ignorance m’indigne. Pourtant, elle a raison, Marie-Laetitia. Et que dire ? Je sais cela depuis longtemps. Je sais le dénigrement,  les sous-entendus sarcastiques,  les fausses mesures et tout ce qui est “effacé” de l’histoire quand l’Histoire devient  un miroir gênant pour notre quotidien : alors, on voile les choses – et non, je ne fais pas d’esprit, je constate en quelques mots, même si c’est à l’arraché : voiler, c’est occulter ; occulter, c’est mentir ; mentir,  c’est le premier pas vers le crime.

Ne pas dire, c’est aussi mentir.

Oui, se taire, c’est souvent mentir.

La rafle du Vel’ d’Hiv, on en a longtemps parlé à mots couverts. Dans certains milieux, on n’en parle jamais. Et bien, sans tambour ni trompette, mais parce que j’aime que les choses soient dites, on va se référer aux témoins habituels en ce début du vingtième siècle, tada !! J’annonce, Wiki !! (trompettes )

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( repris de sur Wikipedia/French)

La rafle du Vélodrome d’Hiver, 16 et 17 juillet 1942, souvent appelée rafle du Vel’ d’Hiv, est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre Mondiale

En Juillet 1942, le régime nazi qui occupe les pays en guerre organise l’opération “Vent Printanier “ ( ils étaient monstrueusement bucoliques) : il s’agit d’une rafle à grande échelle de Juifs dans plusieurs pays européens. En France, le gouvernement de Vichy  mobilise la police française  et lui donne ordre de participer à l’opération : à Paris et la région parisienne, 9 000 policiers et gendarmes, aides par les SS, lanceront l’opération et rafleront 13 152 hommes, femmes et enfants juifs, selon les chiffres de la préfecture de police.

Lire la suite ici :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rafle_du_V%C3%A9lodrome_d’Hiver

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Guess what ?

Ce texte etait ecrit pour un jeu  chez Les Mille  Mots, defunts.

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photo courtesy Les Mille Mots

Je suis sur le trottoir, face à la vitrine.

Du coin de l’œil, je la vois venir et je le vois aussi, le type blond derrière elle, qui la photographie sans qu‘elle s‘en doute tout en parlant dans son portable. Elle est bien trop occupée à parler, à crier, à pleurer pour voir autre chose que la rue noire devant elle

Je l’entends, elle n’est plus qu’à quelques pas de moi : “Non, je te dis que non…” Elle est française, pas de Paris, mais plutôt du centre, Lyon peut-être. Ou plus bas, Valence ? Il y a du chant malgré les larmes, dans sa voix Je ne bouge pas, je continue de regarder les robes, les foulards ; celui qui me plait bien, le bleu. Je recule d’un pas pour mieux voir. Elle approche. Je me fige.

Tous les gens marchent comme elle dans la même direction, vers le fond de la rue piétonne, vers la lumière et l’éclat de Guess. Guess comme une injure lancée dans un langage étrange, incongrue dans cette rue italienne. Guess what ?

Elle va arriver à ma hauteur et l’autre continue de la mitrailler avec son Nikon sans flash. Il n’y a qu’un petit point rouge qui s’allume chaque fois, et elle continue d’avancer, perchée sur ses talons. Et que peut-il bien voir, sinon un dos, l’arrondie des hanches, des fesses, un déhanchement, de jolis mollets bien galbés, des cheveux blonds balancés à la sauvage. Et cette valise comme une promesse de départ ou d‘arrivée.

Il se rapproche, l’œil sur le petit écran, l’oreille à l’écouteur. Elle ne parle plus et c’est lui que j’entends maintenant : ”Ecoute, mon amour, je ne sais qu’une chose …” Le reste se perd dans le bruit des talons, dans le bruit de la pluie, dans le noir de la nuit, dans le sombre de l’ombre.

Le reste ne me regarde pas.

Je vais entrer acheter ce foulard.

L’été américain

On ne dira jamais assez l’influence du  ciel sur la condition physique et mentale de l’humain : non, je ne fais pas de prosélytisme, je vous parle là du ciel bleu ou gris, ensoleillé ou nuageux, bref le ciel de tous les jours et de tout un chacun dans cette partie nord des States. L’autre ciel, que la mode depuis plusieurs décennies a mis au dédain sans parvenir à le jeter aux oubliettes, vous verrez bien, si pas aveugles après la mort. Ce n’est ni mon sujet, ni mes oignons.

 Pour le ciel de ce matin, donc, il s’agit de celui qui se tend au desus de nos têtes, bleu léger et tendre dans la splendeur de ce jour d’été. Il  suffit de le regarder pour se sentir vivre. Et c’est un bonheur à la portée de tout le monde. Gratuit, qui plus est.

 Depuis hier, nous sommes entrés dans le vrai, le bon, le bel été. Il fait chaud sans que ce soit canicule. Il fait frais sans que ce soit  froidure ;  il fait beau, et c’est une symphonie de couleurs, de cris d’oiseaux, de chants : même les voitures sont emplies de chansons. Passé le 4 juillet, l’Amérique relaxe, bras en jambes nues, peaux bronzées malgré les interdictions  médicales, et têtes nues, seul moment de l’année où même les ados abandonnent leur sacro-saintes casquettes de baseball. C’est le moment où je plains le plus ceux qui par timidité, atavisme ou tradition ne montrent que le bout de leurs lunettes noires. C’est le moment où 99 pour 100 de la population américaine se rit des sombres prédictions distillées au fil des heures sur toutes les chaines pour nous empêcher de jouir en paix du beau temps, et expose bravement aux rayons  de toutes sortes, leur peau en larges surfaces (sous les crèmes adéquates, ne pas exagérer quand même). Faut dire aussi qu’à partir du 4 juillet, plus personne ne regarde le petit écran.  D’une pierre deux coups, il y a de l’humour dans les décisions divines.

 C’est l’été, on bulle, on déambule, on circule, et aussi on bouge, on vélo, on court, on danse. On trouve tout un tas de choses à faire, on peint les volets, on refait le jardin, on découvre des petites rues sympathiques. Certains vont en bateaux, d’autres à pied. Les chiens ne sont plus hargneux, ils jappent de plaisir. Les écureuils gambadent, des oiseaux inconnus s‘aventurent dans les massifs. Soudain, les fleurs décident de se faire belles,  elles débordent des gros pots, flamboient de l’aube au couchant, se rient des papillons. L’œil ne sait plus où donner des paupières : on voudrait tout voir jusqu’à en perdre le nord.

 Nous sommes les privilégiés du continent américain, préservés des pollutions massives, et encore libres, si bon nous semble, de  profiter largement de l’air, du soleil, et du ciel bleu. Le premier et absolu droit de l’humain dans toute sa force.

 Le point noir, à l’horizon de ce beau matin, c’est de penser qu’il existe, quelque part sur notre planète, quelque part aux antipodes de notre continent, un monde où l’été n’existe plus. Où, s’il existe encore, la moitié des habitants n’ont pas le droit de le vivre pleinement.

 Le ciel se couvre.

Un oriole dans mon jardin

Hier matin, juste au lever du jour, cet oiseau flamboyant perché au bord de mes pots de fleurs, et picorant, et chantant à tue-tête. Je n’en avais encore jamais vu d’aussi beau.

Après information gougueulesques, il s’agirait de l’Eurasian Golden Oriole. Vous en sauriez davantage à son sujet ?

 

Un autre bleu

Lisboa, by ArRi, july 2011

Je suis amie avec Armando depuis des années.  Sur FCBK, depuis huit jours environ. Comme quoi FCBK sert quand même à quelque chose : resserrer des liens d’amitié.

Armando est Portugais et habite en Belgique. Il est aussi trilingue, artiste, photographe mais pas seulement : musicien et poète, il a écrit avec nous, l’équipe de l’EcriWeb, et a ouvert plusieurs blogs, tous dédiés aux couleurs, aux formes, aux éclairages, et… aux mots, aux chansons. Quand on rencontre un artiste complet, on ne le lache plus.

Voici son dernier  recueil,  « Un bleu de toutes les couleurs », sur lequel vous pourrez admirer d’aures photos et illustration de ArRi. Je viens de lui demander la permissione d’emprunter une de ses phtoos, Lisbonne un soir d’orage, des bleus encore, et de l’argent, des decoupes somptuaires, l’art de la photographie mise au service de la beauté.

Merci , ArRi, pour l’échange et le partage, pour l’avancée permanente vers un toujours plus  beau. A te voir et te revoir le plus souvent possible, et bon dimanche en ce 8 juillet 2012.

HAPPY FOURTH OF JULY

Photo courtesy of Country Living

Jour de fête, on pavoise, il fait ici un temps superbe, on pourra cuire les hamburgers sur le BBQ, s’amuser dehors en buvant des bières et que demande le peuple ?

Les “services” sont fermée, pas de banque, pas d’école – oui, c’est vrai, c’est aussi le temps des vacances scolaires !. Pas e courrier, pas de … c’est tout. Les bureaux de l’état et ceux  du gouvernement sont fermés aussi.

Tout le reste est ouvert. Petite concession aux réjouissances, le magasin de Monsieur Chron fermera à 20 heures au lieu de 22, quel gros effort pour fêter la mère Patrie !

Hier,  une file d’acheteurs arrivait au milieu du méga-magasin de vins et alcools. Les caissières irritées, : c’est la première fois que je vois un mouvement d’humeur chez une caissière américaine. L’une d’entre elle me dit que c’est ainsi depuis le matin. L’américain moyen a découvert les vins depuis une vingtaine d’années et délaisse les bières, qui font  trop pipeule, j’en conclus. Dans la file, ici, stylettos et cravates, vins blancs de Californie, des rosés de Provence, quelques beaujolais.

ON a taillé court la pelouse, nettoyé les pots de géraniums, arrangé les arbustes. Arrosé le jardin de 17 à 20 heures ; et aussitôt les piaillements des oiseaux qui accourent jouer dans les jets d’eaux. Nous n’utilisons aucun produits chimique dans le jardin, ca pousse comme ca veut, on se contente de tondre, c’est tout ce que nous sacrifions à la vie publique : qu’on ne nous demande pas, en plus d’empoisonner les oiseaux et les écureuils sous prétexte  de beaux massifs.

En réponse, ils, oiseaux et écureuils, accourent chez nous des quatre coins du quartier. Ca fait des dégâts, les écureuils font des trous, les oiseaux salissent la voiture, mais quoi ?  Un jardin sans animaux qui courent, sautent voltigent et roucoulent, ce n’est plus un jardin.

Monsieur Chron se joint à moi pour vous souhaiter un beau, ensoleillé, superbe, joyeux et “safe” FOURTH OF JULY , everyone !